L’expression « quiet quitting », que l’on peut traduire par « démission silencieuse », a été récemment mise en lumière sur la scène digitale. Elle désigne une attitude consistant à refuser de faire des heures supplémentaires, de remplacer un·e collègue absent·e, ou de répondre à ses emails professionnels durant le weekend.
On le voit, la « démission » en question est en fait un refus d’accomplir des tâches qui ne se trouvent pas sur la fiche de poste. Cette expression se révèle donc une belle arnaque lexicale, visant à faire passer le rejet de pressions managériales pour un désinvestissement professionnel. Elle en dit long sur certaines normes actuelles du travail : il est normal de faire plus que ce qui est demandé. Se borner à sa simple fiche de poste est suspect.
Notons enfin que le « quiet quitting » concerne essentiellement des cadres qui peuvent s’offrir le luxe de résister à un management agressif, détournant ainsi notre attention de professions plus précaires pour lesquelles la problématique se pose en termes bien différents.
Au bout du compte, le « quiet quitting » apparaît comme le faux nez d’un mythe bourgeois déjà vieux : l’employé·e est paresseu·x·se par nature et il convient d’exercer une constante pression sur lui·elle.